Portage salarial ou freelance : quel est le meilleur statut ?

Portage salarial ou freelance : quel est le meilleur statut ?

Se mettre à son compte et devenir indépendant implique de choisir un statut juridique sous lequel exercer son activité professionnelle. Attention, « freelance » n’est pas une forme juridique, mais plutôt une catégorie floue qui renvoie aux indépendants offrant des prestations de services intellectuelles ou commerciales, quel que soit leur statut. 

 

En matière de statut juridique, les aspirants freelances ont l’embarras du choix. En France, ils peuvent créer une entreprise individuelle (EI ou micro-entreprise), fonder une société unipersonnelle (EURL ou SASU), ou bien rejoindre une société de portage salarial pour vendre leurs services aux entreprises en tant que salariés portés. 

 

Cette dernière option, qui existe en France, mais aussi au Luxembourg et en Suisse, est souvent mal connue des futurs travailleurs indépendants. Elle présente pourtant des atouts qui peuvent séduire celles et ceux qui hésitent à se lancer en freelance, même si elle comporte aussi quelques défauts. 

 

Vous souhaitez en savoir plus et avoir des clés pour choisir entre le portage salarial et les autres statuts pour être freelance ? Vous êtes au bon endroit. Définition, avantages et inconvénients, différences avec la création d’entreprise : vous saurez ce qu’il faut savoir à propos du portage salarial et des alternatives au portage salarial. Bonne lecture !

Qu’est-ce que le portage salarial ?

👉 Selon la Fédération des Entreprises de Portage Salarial (FEPS) « le portage salarial est une forme d’emploi qui permet à un travailleur indépendant d’exercer son activité tout en bénéficiant de la protection sociale du salarié ». 

 

Portage salarial : définition 

 

Concrètement, il s’agit pour un professionnel de conclure un contrat de portage salarial avec une société de portage salarial. À travers ce contrat, qui peut être un CDD ou un CDI, le freelance confie la gestion administrative de son activité à l’entreprise de portage salarial. Moyennant une commission ou un abonnement, celle-ci se charge notamment de contractualiser avec les clients de l’indépendant, de les facturer, d’accomplir les déclarations sociales et fiscales de rigueur, et d’établir les bulletins de paie du salarié porté. 

 

Le freelance porté est donc libéré d’une bonne partie de ses tâches administratives et profite d’une couverture sociale identique à celle des autres salariés (assurance maladie, mutuelle, assurance RC pro, chômage, retraite, etc.). Il conserve cependant une complète indépendance dans le choix de ses missions et de ses conditions de travail (horaires, lieu de travail, périodes de congé, etc.) puisqu’il n’existe pas de lien de subordination entre lui et la société de portage. L’indépendant porté doit également trouver des clients, négocier avec ses prospects et fixer ses tarifs de manière autonome. 

 

Ce statut hybride entre le salariat et l’entrepreneuriat est apparu dans les années 80 pour faciliter l’accès à l’emploi des experts seniors. En 2018, selon la FEPS, la France comptait pas moins de 86 000 salariés portés. Selon une étude réalisée par le même organisme, en 2020 :

– 54 % des salariés portés sont des femmes ;

– 97 % ont plus de 30 ans (dont 52 % plus de 50 ans) ;

– 59 % sont des cadres. 

 

Toujours selon la même source, plus de 750 métiers peuvent être exercés en portage salarial. Ceux-ci relèvent des services aux entreprises et correspondent à trois grandes catégories : 

  • Les prestations intellectuelles (conseil, audit, ingénierie, informatique, formation, coaching, audiovisuel, santé, etc.) ;
  • Les prestations commerciales (vente, transactions immobilières, gestion, intermédiation, etc.) ;
  • Les prestations artisanales (artisanat d’art, bâtiment, mécanique et transport, etc.).

 

Un formateur, un consultant en marketing digital, un closer, un UX/UI designer, un développeur, Data scientist, product manager, un recruteur ou encore un copywriter peut donc devenir freelance en portage salarial s’il remplit les conditions requises. 

 

Différences entre le portage salarial et les autres statuts ouverts aux freelances 

 

Le portage salarial est seulement l’un des statuts juridiques qui permettent de devenir freelance. D’autres formes juridiques permettent de se lancer en tant qu’indépendant. En France par exemple les alternatives au portage salarial sont :

  • L’entreprise individuelle (EI) et sa version simplifiée, la micro-entreprise (auto-entreprise) ; 
  • La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) ou SAS unipersonnelle ; 
  • L’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) ou SARL unipersonnelle.

 

À la différence du portage salarial, ces statuts juridiques impliquent la création d’une société ou d’une entreprise. Le micro-entrepreneur, l’entrepreneur individuel, le président de SASU ou le gérant d’EURL doit par ailleurs effectuer lui-même les démarches administratives, juridiques, comptables, fiscales et sociales liées à son activité. Il peut cependant se faire aider par des prestataires (expert-comptable, avocat, assistant virtuel, applications dédiées, etc.). Enfin, il n’existe pas d’intermédiaire entre le travailleur indépendant et ses clients. Le contrat de prestation de service est directement établi entre le freelance et les entreprises clientes. 

Quels sont les avantages du portage salarial pour le salarié porté ?

Le portage salarial présente plusieurs points forts si on le compare aux autres statuts juridiques permettant de démarrer une activité indépendante :

 

Un statut pour se lancer en freelance simplement 

 

Devenir freelance en portage salarial peut être plus simple que de créer une entreprise ou une société. Pour demander le portage salarial, il suffit en effet de :

  • Identifier une société de portage salarial adaptée à ses besoins (frais de gestion, services offerts, mode de fonctionnement, etc.) ;
  • Trouver son premier client en tant qu’indépendant et négocier les modalités de sa mission (prix, objectifs, livrables, etc.) ;
  • Signer un contrat de travail (CDI ou CDD) avec l’entreprise de portage salarial choisie ; 
  • Dès lors, la société de portage signe un contrat commercial de prestation avec le client final et le freelance peut commencer sa mission auprès de l’entreprise cliente en tant que salarié porté. 

 

Par comparaison, les formalités administratives et juridiques à réaliser pour immatriculer une entreprise individuelle ou une société sont un peu voire beaucoup plus lourdes

  • Pour devenir micro-entrepreneur (auto-entrepreneur) ou entrepreneur individuel, il est nécessaire de rassembler des pièces justificatives, de déposer une demande d’immatriculation auprès du guichet unique de l’INPI et d’attendre la réception de son numéro de SIRET. Cette démarche n’est en principe ni très longue ni très onéreuse. 
  • Pour créer une société unipersonnelle, les choses se compliquent un peu. Les formalités de création d’une SASU ou d’une EURL sont plus nombreuses : rédaction de statuts, désignation d’un président ou d’un gérant, ouverture d’un compte bancaire, réalisation d’apports et dépôt du capital social, publication d’un avis de constitution dans un journal d’annonces légales (JAL), déclaration des bénéficiaires effectifs, demande d’immatriculation auprès de l’INPI. De plus, la création d’une société implique un investissement financier plus ou moins conséquent. Le freelance doit en effet constituer un capital social, mais aussi se faire accompagner par des professionnels (avocat, expert-comptable, startup spécialisée, etc.). 

 

Une gestion administrative simplifiée 

 

Le vrai avantage du portage salarial est que ce statut permet d’être indépendant tout en supportant un minimum de contraintes administratives. La société de portage salarial se charge notamment de :

  • Contractualiser avec les clients finaux ; 
  • Encaisser les paiements  des entreprises clientes ; 
  • Verser son salaire au salarié porté, après déduction des frais de gestion, des frais professionnels, des cotisations sociales et des charges ; 
  • Éditer les bulletins de salaire du salarié porté ;
  • Assurer la comptabilité ; 
  • Réaliser les déclarations sociales et fiscales ;
  • Gérer le paiement des cotisations sociales et des impôts. 

 

De son côté, le salarié porté doit : 

  • Générer ses factures ;
  • Renseigner ses frais professionnels ;
  • Produire un compte-rendu d’activité (CRA) mensuel sur la base duquel l’entreprise de portage peut créer sa fiche de paie. 

 

Par comparaison, un micro-entrepreneur n’a pas beaucoup plus de démarches à réaliser. Ses principales obligations consistent à :

  • Déclarer son chiffre d’affaires et régler ses cotisations sociales tous les mois ou tous les trimestres ;
  • Tenir une comptabilité simplifiée ;
  • Déclarer et payer la TVA (s’il est assujetti) ;
  • Payer la CFE chaque année. 

 

En revanche, les autres statuts juridiques supportent des obligations comptables et juridiques plus lourdes qui varient de l’un à l’autre (comptabilité complète, rapport de gestion, paiement de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le revenu en fonction du régime fiscal, règlement des charges sociales, etc.). 

 

Une protection sociale similaire à celle des salariés 

 

Un autre avantage du portage salarial par rapport aux autres statuts freelances est la protection sociale dont bénéficient les salariés portés. Ces derniers ont en effet les mêmes droits que les salariés classiques en matière de chômage, d’accidents du travail et de retraite. Ils profitent en outre de l’assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) offerte par la société de portage salarial et doivent souscrire une mutuelle et une assurance prévoyance

 

De leur côté, les indépendants en auto-entreprise, entreprise individuelle, SASU ou EURL ont des droits au chômage grâce à l’allocation travailleurs indépendants (ATI). Ceux-ci sont cependant plus limités que ceux des salariés portés. Leur retraite de base est la même que celle des portés, à condition qu’ils se versent un salaire. En revanche, leur retraite complémentaire peut être moins favorable que celle des salariés portés. En matière d’assurance maladie, les droits des portés et des autres freelances sont comparables. Pour le reste, les indépendants doivent organiser eux-mêmes leur protection en souscrivant de leur propre chef une mutuelle, une assurance professionnelle ou encore une assurance prévoyance. 

 

Un accès potentiellement plus facile à l’emprunt immobilier 

 

Un autre atout inattendu du portage salarial est qu’il peut faciliter l’accès au crédit immobilier et donc l’achat d’une résidence principale, d’un bien locatif ou encore d’une résidence secondaire. La sécurité (chômage, prévoyance, assurance RC pro, mutuelle obligatoire, etc.) associée à ce statut peut en effet rassurer les banquiers. Mais ce n’est pas tout. Ceux-ci peuvent également avoir plus de facilités à lire et à comprendre les bulletins de salaire d’un salarié porté plutôt que les bilans comptables d’un entrepreneur. 

 

Une grande autonomie dans le travail 

 

Le dernier avantage du portage salarial est qu’il permet aux professionnels de conserver toute leur liberté. À l’image des autres freelances, les salariés portés choisissent leurs missions et leurs clients, définissent librement leur taux journalier moyen (TJM) et le tarif de leurs prestations, organisent leur temps de travail comme ils le souhaitent (en accord avec les clients finaux) et sont libres de travailler où ils l’entendent (en fonction de ce qui a été arrêté avec l’entreprise cliente). Cerise sur le gâteau, le portage salarial permet de réaliser des missions à l’étranger ! 

Quels sont les inconvénients du portage salarial ?

Le portage salarial est à plusieurs égards une solution avantageuse pour les freelances. Cependant, ce statut comporte également quelques points faibles : 

 

Un coût parfois élevé 

 

Sur le plan financier, le portage salarial n’est pas nécessairement l’option la plus intéressante pour un freelance. Comment est calculé le salaire net en portage salarial ? Le salaire du freelance porté est calculé sur son chiffre d’affaires HT après déduction de ses frais professionnels, de ses cotisations sociales (environ 45 % du CA) et des frais de gestion destinés à rémunérer la société de portage (environ 10 % du CA). 

 

Quel pourcentage prend la société de portage salarial ? Selon la FEPS, les frais de gestion pratiqués par les entreprises de portage salarial varient entre 3 % et 15 % du chiffre d’affaires réalisé par le freelance porté et s’élèvent en moyenne à 10 %. La nature de la mission, les modalités de paiement du client final ou encore les services offerts par la société de portage (avance sur salaire, matériel, secrétariat, etc.) expliquent ces variations. 

 

Les micro-entrepreneurs, entrepreneurs individuels et associés uniques de SASU ou d’EURL ne paient pas de tels frais de gestion. Le statut d’auto-entrepreneur est le plus avantageux financièrement, car il supporte des cotisations sociales relativement faibles, environ 21 % du CA HT, et n’implique pas nécessairement de payer les services d’un expert-comptable. Les autres statuts juridiques rendent quant à eux nécessaire le recours à un cabinet comptable et la rémunération du freelance supporte entre 30 % et 65 % de charges sociales environ. 

 

Un frein au développement de l’activité  

 

Le portage salarial est un statut qui limite le développement de l’activité. Contrairement à une entreprise ou à une société, il ne permet pas d’embaucher des collaborateurs ni de s’associer. Les freelances qui envisagent de faire grossir leur business en recrutant des salariés ou en s’associant (par exemple pour créer une agence de marketing digital) ont donc intérêt à se tourner vers un autre statut juridique. 

 

Un statut réservé à certains freelances seulement 

 

Enfin, le principal défaut du portage salarial est qu’il n’est pas ouvert à tous les freelances. Qui a le droit au portage salarial ? Les professionnels :

  • Ayant plus de 3 ans d’expérience dans leur métier ou un diplôme équivalent ou supérieur à BAC+2 ; 
  • N’exerçant pas une profession réglementée (avocat, architecte, comptable, etc.) ou un métier de service à la personne (garde d’enfants, aide à domicile, etc.) ;
  • Capables de générer un salaire minimum d’environ 2500 euros bruts mensuels pour un temps plein.

Pourquoi se tourner vers le portage salarial ?

Plusieurs raisons peuvent pousser un freelance à se tourner vers le portage salarial : 

 

Tester le freelancing sans contraintes administratives 

 

Le portage salarial peut être une bonne solution pour tester le freelancing sans avoir à créer une entreprise. En ce sens, il peut faciliter le retour à l’emploi et la reconversion professionnelle. 

 

Se concentrer sur son cœur de métier 

 

Le portage salarial est également une bonne option pour les indépendants qui ne veulent pas ou plus être confrontés aux contraintes administratives et juridiques associées à l’entrepreneuriat. En ayant recours au portage, ces « phobiques administratifs » pourront se concentrer sur leur cœur de métier et la recherche de clients. 

 

Cumuler auto-entreprise et portage salarial 

 

Enfin il est possible de cumuler portage salarial et micro-entreprise pour éviter de dépasser le plafond de chiffre d’affaires propre à ce statut juridique. Certains freelances décident ainsi de facturer une partie de leurs prestations via une société de portage pour conserver le statut d’auto-entrepreneur sans limiter leurs revenus.

Quelle est la meilleure société de portage salarial ?

La meilleure société de portage salarial est celle qui correspond aux besoins et aux attentes de chaque freelance. Selon le FEPS en 2018 la France comptait pas moins de 326 entreprises de portage salarial actives. Pour faire son choix, il est nécessaire de considérer les frais de gestion prélevés par la société de portage, mais aussi les services offerts par cette dernière (assistance, outils, avance sur salaire, complémentaire santé, épargne salariale, interface numérique, etc.). 

 

Pour éviter les mauvaises surprises concernant les frais de gestion, la FEPS conseille aux futurs freelances portés de réaliser une simulation engageante auprès des différentes sociétés de portage salarial afin de comparer le salaire net garanti par chacune. Autre solution : faire appel à une entreprise de portage proposant un abonnement forfaitaire à l’instar de la startup JUMP qui permet de devenir salarié porté à partir de 99 euros par mois seulement. Si vous souhaitez comprendre quel salaire net vous pourriez gagner avec JUMP, vous pouvez essayer leur simulateur (lien affilié). Et si le résultat vous plaît, bénéficiez de -50% sur votre premier mois avec JUMP en passant par ce lien affilié.

Portage salarial ou freelance : conclusion

Le portage salarial est l’un des statuts qui permettent d’exercer une activité professionnelle en freelance. L’alternative au portage salarial est la création d’une entreprise (entreprise individuelle ou micro-entreprise) ou d’une société (EURL ou SASU). Chacune de ces options présente des avantages et des inconvénients. Il revient à chaque indépendant de choisir la solution qui correspond le mieux à ses besoins et à son profil. Il peut être utile de se faire conseiller par un professionnel (avocat ou expert-comptable par exemple). 

 

Le portage salarial peut convenir aux freelances qui souhaitent avoir un minimum de contraintes administratives sans être soumis aux limites de chiffres d’affaires imposées par la micro-entreprise et tout en bénéficiant d’une protection sociale identique à celle des salariés. Cette solution reste néanmoins coûteuse (plus qu’une auto-entreprise par exemple) et n’est pas ouverte à tous les professionnels. Elle concerne principalement les prestataires de services intellectuels ou commerciaux capables de trouver des clients régulièrement et de générer un revenu stable, mais ne souhaitant pas développer une véritable entreprise avec des salariés et des associés. 

 

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